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Cet immeuble nous l'appelons ici, ceux qui le connaissons et en parlons..., la Maison Villeroy & Boch.
- Tu connais la maison couvertes de faïences près de l'église Sainte-Thérèse ?
- Oui, celle qui est rue Charles Pêtre dans le quartier Impérial !
- Tout d'un coup je ne me souviens plus de son nom. Elle est incroyable !
- C'est la Maison Villeroy & Boch !
- Oui c'est ça !
- Tu sais ce que c'est le truc qui est à côté d'elle ?
- Ce ne sont pas des garages !
- Ça y ressemble pourtant !
- Je le reconnais.
- Au fait, Villeroy & Boch c'est pas les magasins de porcelaine et des trucs de cuisine ?
- Oui c'est presque ça !
- Pourquoi cet immeuble porte ce nom ?
- Il était la luxueuse maison de fonction du directeur de leur succursale de Metz.
- C'est pour cela qu'elle est couverte de carreaux en céramique ?
- A l'époque cette entreprise allemande était très connue pour ses "carrelages".
- C'était pour eux moins cher alors ?
- C'était surtout une façon de mettre en valeur son savoir-faire et de se faire de la pub.
Il est certain que cet immeuble est unique à Metz depuis qu'il a été construit vers 1900. C'est pendant l'annexion de Metz par les allemands (1871 - 1918) que cette firme est venue s'installer ici. Ce n'est pas étonnant car ses origines étaient lorraine.
Ce que beaucoup peuvent prendre pour des anciens garages, c'est un entrepôt-vente. Sa façade est entièrement recouverte de carreaux de faïence blanche. Les trois immenses vitrines en anse de panier sont depuis des années aveugles.
Je n'ai aucune idée de l'usage actuel de ce magnifique "vieux" bâtiment à caractère industriel et commercial.
Quatre étranges têtes de grenouilles en majolique verte (on les dirait vernies) jouaient le rôle de gardiennes de cette propriété.
Tout est référence à l'art décoratif du début du siècle dernier en Allemagne. L'art floral y a sa place avec ces carreaux bleus en relief comme l'exigeait le Jugendstil. Ce style est la version allemande de l'Art Nouveau en France.
La maison du directeur de l'époque est depuis des années la maison de fonction du Directeur Général du Centre Hospitalier Régional (j'espère ne pas me tromper là).
Ce magnifique portail est toujours ouvert. Je me dis alors, depuis toujours, que c'est pour permettre à qui le souhaite d'entrer pour admirer la façade et une fois de plus je l'ai passé...
Déjà que nous ne pouvons voir que deux des trois façades, il aurait été "stupide" que je ne me glisse pas dans la petite cour entre la maison et l'entrepôt.
La céramique est joyeuse avec ses reflets métallisés.
Ce panneau encadre les portes de l'immeuble à grands renforts de carreaux turquoises. Au centre de l'arbre à grandes fleurs roses il y a une citation biblique. Bien que je ne parle pas l'allemand, je vais pouvoir vous en donner la signification.
La céramique égaie les fenêtres, accentue les angles en rivalisant avec les mascarons où les têtes de monstres. Elle ponctue cette façades de décors tous plus surprenants les uns que les autres.
Cette citation de Saint Paul signifie :
"Toute maison à en effet son constructeur ;
mais le seul constructeur est Dieu".
Autrement dit : L'homme propose, Dieu dispose".
J'ai lu quelque-part que ces façades ont été souhaitées artistiques et indestructibles. Près de 115 ans plus tard elles me semblent répondre parfaitement à cela.
Chaque fois que j'admire ces fleurs, je me dis que ce sont sans doute des pivoines Jugendstil... Suite au dépôt d'un sympathique commentaire, je suis en mesure d'oublier les pivoines qui redeviennent des anémones mais restent stylisées.
A l'époque, la démarche commerciale de la firme Villeroy & Boch était de démocratiser l'Art Nouveau. Elle le croyait éternel. Il fallait mettre les beauté de la technique à la portée du plus grand nombre.
Je doute de la réussite de cette politique commerciale, en tout cas dans Metz annexée, puisque cet immeuble est y est unique...
Il est vrai que l'Art Nouveau n'a pas vraiment survécu à la première guerre mondiale.
Il est apparu dans les années 1890 et c'est en 1905 qu'il a été à son apogée.
J'imagine que Villeroy & Boch aura su poursuivre ses activités dans le style Art Déco, celui en vogue entre 1920 et 1940.
A son actif la firme avait la réalisation du pavement de la cathédrale de Cologne (1 300 m2), celui du Bolchoï et le décor du métro de Moscou.
Sur la rue, chaque après-midi la façade est à l'ombre. On y retrouve la richesse des décors Jugendstil.
Je crois même qu'on y retrouve dans ce cartouche, non pas des pivoines mais des anémones. Je regrette de plus en plus souvent de n'être pas un spécialiste de la flore et de n'avoir que des suppositions sur l'identité des fleurs, surtout lorsqu'elles sont stylisées.
L'unique balcon (il est en pierre de Jaumont) de ces deux façades qui son visibles des passants, il pourrait en avoir sur celle à l'arrière, a une extravagante ferronnerie à la mode belge.
J'ai promené Lumix de bas en haut et de haut en bas le long de cette façade, sans qu'il se lasse.
Je peux vous rappeler que ces immeubles de luxe, construits par les allemands, disposaient de ce qu'il y avait alors de plus moderne en matière de confort.
Ce large bandeau, il souligne le dernier étage, a une hauteur différente des deux autres. Il est lui entièrement habillée de céramique polychromes parfois en relief. La frise sous le toit a quelque chose d'astrale. Cela n'engage que moi...
Je n'ai pas quitté à regrets la Maison Villeroy & boch. Inutile d'en avoir. Je passe souvent le long de ses façades dans le quartier Impérial. J'aime l'arpenter dans tous les sens. j'y ai à découvrir, à revoir, à admirer, à aimer et à photographier...