Les travaux se déroulent sous le regard de la grue

Ici tout au long de l’année ils changent nos rues

La belle flirte avec le vieux pont de chemin de fer

Dans le ciel de Metz se poursuit un chantier d’hiver

Présence altière cette dame en supervise l’avancée

Durant des semaines elle reste dans la ville invitée

A son pied des ouvriers affairés servent son labeur

L’homme sans elle ne serait que piètre constructeur

A Metz
La cathédrale Saint-Etienne

Se la joue en Dame élégante

Cette rivière de vitraux

Sert sa magnificence

Le cœur de sa grande nef

Se névrose des douleurs de l’âme

Pendant que les prières

Crèvent son ciel de pierre

Ce lustre de lumière

Divine escale de la foi

Eclaire le chemin de l’espoir

Extraordinaire rencontre avec une porte bleue fermée

Son bois déguisé aspire au soleil désespérément

Porte sans âge dans des frusques de peinture lavée

Porte lasse oubliée de tous elle laisse faire le temps

Cette porte raconte les années qui la font là oxydée

Bien fatiguée elle survit en déficit d’attentions ici

Du carton vieux ridé résiste après années passées

Patiente la porte décompte le temps son seul ami

Avant les enfants trouvaient derrière son bois refuge

Aujourd’hui personne jamais ne veut par elle passer

Avant des voitures s’y abritaient lors de noirs déluges

Aujourd’hui son unique protégé est un vide intemporel

Dès cette découverte dans une des ruelles de Nancy

J’ai aimé ce que j’ai « lu » sur cette vieille porte de garage

Ce que j'ai partagé avec cette porte sans âge est dans ces mots

Un jour je suis né en Nouvelle Calédonie

Je n’ai jamais cessé d’aimer cette terre si lontaine 

Je porte beaucoup de ses couleurs en moi ici à Metz

Je dois vivre en Lorraine dans un destin prédéfini

Il me prive de l'océan de la montagne de la savane

Je garde en moi mes envies d'un là-bas jamais oublié

A Metz

L’hiver les arbres peignent les bourrasques

Entre leurs branchent ils retiennent le vent

La nuit ils crient sous ce labeur quotidien

Les éléments déchainés leur sont hostiles

A Metz

Maquillés par les méfaits de notre activité

Les arbres frigorifiés sont privés de succès

Ils dramatisent nos glaciales journées

Dressant leur silhouette noire décharnée 

A Metz 
 

L’arbre roi court dans les branches

Il se dresse pour protéger les nuages

Impossible d’atteindre leurs protégés

La pluie ne viendra alors que trop tard

A Metz 
 

Dans nos étranges forêts d’en centre ville

L’ombre de ces géants veille sur nous

Notre vie s’entend impossible sans eux

Ils sont témoins de notre cours passage




 

A Metz 
 

Les arbres aussi veulent monter au ciel

Dans nos parcs ils fuient l’asphalte noir

Leurs racines accrochent les nuages

L’eau du ciel est douce à leur survie

    

A Metz

Une grille bleue à fleur de trottoir

Se la joue en décor d’opéra

Exquise mise en scène urbaine

Seul acteur un chien affairé

Le comédien est pressé

Tiré de force à bout de laisse

Son cadeau au caniveau

Doit être rapide

Ne mériter aucune ovation

N’encombrer l’acte en cours

D’aucun dialogue inutile

Seul le metteur en scène aboie

Médor dépêche toi enfin

Cesse de te donner en spectacle