• Metz / Le Fort de Queuleu...

    1.

    C'est la première des visites que nous avons faites, il y a un mois. La seule dont nous sommes revenus bouleversés et tristes. J'ai su alors que je n'en ferai un article qu'après avoir avec vous les autres. 

     

    2.

    J'étais déjà, en 2009, venu au Fort de Queuleu et j'ai décidé dans cet article de me servir de quelques photos faites ce jour là.

    Depuis le 20 novembre 1971, le Mémorial départemental de la Résistance et de la Déportation, se dresse à l'entrée du fort. 

     

    3.

    Les troupes allemandes sont entrées à Metz le 17 juin 1940. la ville a été libérée le 22 novembre 1944. 

     

    4.

    L'annexion allemande de 1940 s'est traduit par quatre années de souffrances pour les Messins et Mosellans, expulsés, transplantés, opprimés...

     

    5.

    La disparition de milliers de jeunes gens, incorporés de force dans l'armée allemande (les malgré-nous), mais aussi de civils sous les bombes des belligérants ont été parmi les plus lourds tribus à cette guerre. 

     

    6.

    Nous savions, jazzy57, Evelyne de Queuleu, Jean-Louis, Mireille du Sablon, Sylvie et moi que cette visite allait être difficile voire pénible.

     

    7.

    Elle la été, éprouvante, impressionnante et douloureuse. Aucun de nous, une seconde, n'a regretté l'avoir faite.

     

    8.

    Entre 1 500 et 1 800 personnes ont été internés pendant les 10 mois de fonctionnement du camp.

     

    9.

    Il était placé sous l'autorité directe de la Gestapo. Les nazis l'appelaient SS Sonderlager (Camp spécial SS).

     

    10.

    Après des semaines voir des mois d'incarcération les prisonniers repassaient par ce couloir pour quitter le camp...

     

    11.

    Aucun n'a retrouvé la liberté. Ils et elles, il y avait des femmes, ont été déportés dans différents camps de concentration. 

     

    12.

    Lors de ma visite, en 2009, je n'avais pu qu'approcher ce site et l'horreur me semblait suinter de cette partie du fort.

     

    13.

    Notre groupe était silencieux lorsque nous sommes arrivés devant l'entrée de la casemate A.

     

    14.

    Elle est entourée d'autres ouvrages militaires. Le fort a été construit entre 1868 et 1872. Je vous rappelle que Metz, la Moselle et l'Alsace ont été annexées par l'Allemagne de 1871 à 1918 et de 1940 à 1945.

     

    15.

    Devant la porte de la casemate nous avons pris connaissance des conditions d'arrestation, de transfert et "d'accueil". Nous pouvez à chacune de ses étapes ajouter les qualificatifs : épouvantables, terrifiantes, humiliantes, indignes et inhumaines. 

     

    16.

    Cette photo me permet de vous présenter l'état des abords de la casemate A en 2009 et de vous faire découvrir l'ampleur du...

     

    17.

    Travail réalisé par "l'Association du Fort de Metz-Queuleu pour la mémoire des internés-déportés et la sauvegarde du site". 

     

    18.

    Notre guide nous a recommandé de faire très attention pendant la descente des 22 marches de cet escalier.

     

    19.

    La première infamie qui a été imposée aux patriotes et résistants raflés dans la ville et la région, a été celle de leur bander les yeux. Aucune, aucun de devait pouvoir, jamais, localiser son lieu d'internement ! 

     

    20.

    Le sous-sol de la casemate A (bunker) s'est révélé alors avec des dimensions insoupçonnées tant que l'on n'est pas dans ce bâtiment.

     

    21.

    Il n'y a eu qu'une évasion. Elle a été réussie. Quatre Mosellans, le 19 avril 1944, ont pu s'échapper de cet enfer en empruntant cette aération (à droite). Elle leur a permis d'arriver sur le toit de la casemate.

     

    22.

    Dix cellules surveillées ont été aménagées. Chacune avait une surface d'un peu plus de 87 m2 et une hauteur de 3,75 m. 

     

    23.

    Le long corridor qui les dessert a servi bien trop souvent à martyriser les détenus en leur faisant faire du "sport" encadrés par les SS et leurs chiens.

     

    24.

    Les internés, rappelez-vous avaient en permanence les yeux bandés. Il étaient affamés, leurs conditions d'hygiène étaient épouvantables ! 

     

    25.

    Cette cellule a été, dès la fin de 1943, aménagée avec ces 18 boxes pour y isoler les chefs de la résistance.

    Un garde SS y était de faction en permanence, assigné à leur surveillance.

    Un panneau sur la porte de cette cellule prévenait : "Entrée interdite sous peine de mort à toute personne non accompagnée par le commandant". 

     

    26.

    Chaque arrivant "bénéficiait" d'un douche glacée et d'un brutal et vigoureux brossage assuré par l'un des SS. Rhabillé, il passait des heures d'attente les bras levés avec l'interdiction de bouger et de parler. 

     

    27.

    Il ne pouvait rien rater du traitement infligés à ceux en train de faire connaissance de la barbarie du commandant et savait qu'il subirait le même.  

     

    28.

    Son effroyable et immanquablement sanglant fac-à-face terminé avec le commandant Georges HEMPEN, il avait dans la Waffen SS le grade d'adjudant-chef, il était traîné dans une cellule. 

     

    29.

    Là, il était assis, mains et pieds liés, les yeux bandés avec interdiction formelle de bouger et de parler.

     

    30.

    Cette interdiction de parler et de bouger a été permanente, comme le bandage des yeux l'a été pour chaque interné.  

     

    31.

    Certains pourtant ont été mis à contribution pour le fonctionnement de ce camp concentrationnaire. 

     

    32.

    Le commandant ayant le droit de vie sur tous les internés, ils ont été monstrueusement traités puisque en mire auprès des SS. 

     

    33.

    Les 24 SS qui occupaient en permanence la casemate A avaient cette pièce, au milieu des salles de torture, à leur disposition pour se détendre lors des arrivages constants des nouvelles et nouveaux internés.

    Il avaient tous entre 18 et 20 ans.

     

    34.

    Je ne vous cache pas que nous devons tous avoir trouvé ce sous-sol particulièrement lugubre. 

     

    35.

    Chacune de ces cellules individuelles avait 2m de longueur, 1,40 m de largeur et 3 m de hauteur. 

     

    36.

    Le malheureux, surveillé au travers du judas en permanence, passait ses journées et nuit dans un isolement total. 

     

    Metz / Le Fort de Queuleu...

    37.

    Cette frise égayait la chambrée du temps où le fort hébergeait l'armée. 

     

    38.

    Bien entendu, aucune partie réservée à l'internement n'était chauffée ! 

     

    39.

    Neuf des dix cellules pouvait contenir les 450 à 500 hommes incarcérés. Il y avait qu'une cellule pour les femmes, elle pouvait contenir de 80 à 100 femmes.

    Femmes ou hommes devaient faire leurs besoins dans la cellule, dans une lessiveuse, à heures fixes deux fois par jour. Leurs mains étaient alors déliées. 

     

    40.

    Les prisonniers passaient la totalité de leurs journées assis sur un banc. Un SS imposait la loi du silence et de l'immobilité absolue.

    Aucun mouvement n'était autorisé.

    Des milliers de puces les dévoraient, rajoutant d'insupportables démangeaisons à leur supplice quotidien. 

     

    41.

    Nous étions bouleversés lorsque nous avons quitté le niveau du bunker au sous-sol. Nous sommes sortis par le niveau supérieur qui abrite... 

     

    42.

    Le Musée de la Résistance et de la Déportation que j'irai prochainement visiter.

    Il concerne la terrible période 1940 - 1945 où 2 563 Mosellans ont été arrêtés par la Gestapo et déportés en Allemagne. 

    561 d'entre eux ne sont pas revenus. 

    Nous étions extrêmement touchés, secoués même d'avoir approché de si près l'indicible horreur et l'ignominie voulues par le régime nazi, à Metz. 

     

    43.

    36 prisonniers sont morts au Fort de Queuleu, assassinés par le commandant Georges HEMPEN. Ce criminel nazi, tortionnaire pervers et inhumain est décédé le 16 juin 1974 à l'âge de 69 ans.

    Il est mort paisiblement dans son lit, entouré des siens, sans remords, sans regrets, sans repentir. Il a été officier de police à Oldenburg (ex RFA).

     

    44.

    Cela nous a fait un bien fou de nous retrouver dans la forêt du Fort de Queuleu. Nous avons ressenti un soulagement en nous éloignant de la casemate. Nous étions à l'air libre, sans entraves.

    Depuis 1977, la Ville de Metz a transformé l'ancien fort en parc et en parcours de santé. La casemate A est classée à l'inventaire des Monuments Historiques depuis le 13 février 1970. 

     

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  • Commentaires

    15
    PATRICK de DLP
    Samedi 24 Octobre 2015 à 13:11

    Merci pour ces photos. Quelle histoire terrible, on frémit en pensant qu'on aurait pu s'y trouver à cette époque. Il faut que cet endroit soit plus connu.

    Honte à ceux qui ont dégradé dernièrement ces lieux terribles.

    Merci Marc.

    14
    pierrette
    Jeudi 22 Octobre 2015 à 11:04

    reportage très impressionnant  je comprends que l'émotion vous ai gagné merci grâce a vous j ai pris connaissance de  l Histoire triste  certes mais réelle de notre région Merci Marc ainsi  qu à toute votre équipe smile

    13
    Jeudi 22 Octobre 2015 à 00:21

    Bonsoir Marc. Troublant ce site. J'en ai des frissons juste de penser à tout ce que ces gens ont enduré. Triste période qu'il ne faut pas oublier.

     

    Merci

    12
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 20:25

    Bonsoir Marc,

    Je refais ce parcours et j'éprouve toujours autant d'émotion!

    Tant de souffrances purement gratuites, pour avilir l'être humain...tant de haine ...et aujourd'hui, nous le savons, ça continue ailleurs. Je voudrais dire "ça suffit" mais certains n'entendent toujours pas....

    Bonne soirée  et bises à tous les deux de Mireille du Sablon

    11
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 18:11

    De terribles souvenirs que de souffrance dans ces lieux. 

    10
    Michel Huin
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 14:11

    Bonjour Marc,

    J'en ai les frissons.... tes photos ainsi que les commentaires sont dures mais nécessaires !!

    Merci !

    Bonne journée, amicalement !!

    9
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 13:18
    jazzy57

    Un mois après notre visite le souvenir de ce que nous avons vu et entendu  reste toujours aussi poignant , chaque photo me rappelle l'horreur de ce que beaucoup de messins et messines ont vécu . Je ne comprends pas qu'on puisse occulter autant de barbarie en adhérant aux thèses extrémistes , certaines manifestations récentes me font vraiment peur .

    Merci pour ce billet très complet .

    Bises 

    8
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 11:54
    covix

    Bonjour Marc, 

    Une visite très émouvante qui n'est pas sans me rappeler le musée de la Résistance et ed la Déportation à Lyon, non loin de chez moi, je l'avais visité avant sa restauration, dans ce lieu du savoir, durant cette période sombre, les SS torturaient les prisonnier, Klaus Barbie y a officié.

     C'est vrai que nous sommes muet devant tant de barbaries, j'ai comme l'impression que l'Homme n'est pas digne de ce dire humain! Qu'avons nous fait en Indochine, en Algérie, à Madagascar, au Cameroun, pas moins horrible que ce souvenir évoqué.

    Bonne journée

    @mitié

    7
    Nelly 68
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 11:31

    Quelle horreur !!

    L'être dit "humain" est capable des pires monstruosités envers son prochain.

    Aucun animal ne tue par sadisme, aucun animal ne torture, aucun animal ne maltraite . Il tue pour se nourrir. et éventuellement, pour sauver ses petits.

    L'Homme" sait être un monstre sans limites. Hélas. Ce qu'il se passe, actuellement, dans certaines contrées le prouve à nouveau.

    Il n'apprend jamais rien de ses erreurs passées.

    Merci, Marc, pour votre reportage photographique et vos commentaires chargés, on le comprend aisément, de beaucoup d'émotion et de sensibilité.

    Amitiés d'Alsace.

     

     

     

     

     

     

     

     

    6
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 11:31

    Une période très sombre de l'histoire de Metz, quatre années terribles pour ceux qui les ont vécues.

    Ce fort qui a servi à des fous sanguinaires doit nous rappeler qu'il se produit encore et toujours la même chose de par le monde. Hélas, l'Histoire se répète et les partis extrémistes reviennent sur la sellette. 

     

    N'oublions JAMAIS ce que l'Homme est capable de faire! 

     

    Amitiés, 

    5
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 10:09

    Bonjour Marc ... Rien à ajouter !!!

    Bises amicales, douce journée

    4
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 09:36
    Claudine/canelle

    Bonjour Marc 

    Triste spectacle mais belle reconstitution pour le souvenir 

    Merci pour tes photos 

    Bises 

    3
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 09:08

    Bonjour …
    Tristesse, souvenir et, devoir de mémoire ...
    … Bonne journée, … Amicalement, … Claude …

    2
    EVELYNE de QUEULEU
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 08:35

    J'ai refait le parcours à travers tes photos......la nausée est revenu

    Je ne risque pas d'oublier d'autant après avoir rencontré deux survivants.

    Ici hier, ailleurs aujourd'hui quand l'homme cessera t il ses atrocités ?

    Bonne journée Marc

    1
    Mercredi 21 Octobre 2015 à 07:24

    merci beaucoup pour cette visite qui me laisse sans mot

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