• Le dortoir de la longue pénitence à Metz...






    Au cœur de Metz, il y a, sous la chapelle d’un ancien couvent, une crypte singulière. Elle est appelée ici encore : « Le dortoir de la longue pénitence ». Aujourd’hui rares sont les patients et visiteurs de l’hôpital Sainte-Blandine à Metz qui connaissent l’existence de cette salle obscure, basse de plafond et humide. La Seille coulait alors à proximité.

     

    Pendant près de deux siècles les jeunes filles « perdues » de Metz pouvaient se racheter mais d’une façon cruelle. Elles devaient, faute d’amour commise, pour laver le déshonneur de leur famille, se soumettre au service d’une congrégation religieuse de sœurs soignantes.

     

    La durée de cet « engagement » était variable en fonction des seules exigences du père de ces pauvres victimes. Les plus longs séjours étaient de deux années environ. Cette durée variait pour chacune. En effet, le seul jour de l’année où ces jeunes filles pouvaient recouvrir leur liberté était celui de la veille de la fête de Marie la très sainte Vierge.

     

    En plus d’un travail harassant, obligation leur était faite de passer toutes les nuits de leur séjour derrière ces grilles. Elles les tenaient enfermées dans le sous-sol de cette congrégation entre les heures d’après leurs corvées du soir et celles du début de chaque nouvelle journée.

     

    Aucune visite, aucun contact ne leur était autorisé. Seule une soumission totale aux règles de cet enfermement pouvait leur accorder le pardon des leurs. Ce pardon consistait à leur accorder une dote suffisante pour espérer les marier, uniquement selon le bon choix de leur père. Suffisante devait être la somme car il s’agissait alors d’éloigner cette enfant en la mariant très loin de Metz. Il est à noter que la famille prenait aussi en charge les « frais » de séjour de leur enfant placée. Le nombre de places était limité à vingt-quatre.

     

    Le dortoir de la longue pénitence a été muré au début des années 1790, après la Révolution. Elle n’est accessible au public que lors de certaines journées du patrimoine et que sur rendez-vous. Dans les archives de l’Evêché de Metz, il y a dans les écrits sur cette période l’acte d’enfermement d’une jeune fille âgée alors de treize ans. Elle serait la plus jeune des pensionnaires à avoir été soumise à cette épouvantable punition. Il est daté du 14 février 1714.

     

    Il est aussi précisé, dans ces documents, que plusieurs des pensionnaires ont choisi de rester dans cette congrégation, préférant cette vie au service de Dieu et des malades que de subir un mariage forcé accompagné d’un bannissement.

     




     

     

     

    Ce n'est à partir de cette photo originale de vieilles grilles oubliées, prise dans l’une des salles de la Porte des Allemands à Metz, lors des journées du patrimoine, que j’ai imaginé tout cela…


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  • Commentaires

    8
    Dimanche 27 Septembre 2009 à 19:50
    Marc de Metz

    Bonsoir, je n’ai vraiment que fait de me servir de tout ce que je peux avoir lu sur ces odieuses situations imposées durant des siècles à des filles fautives d’avoir « aimer » où de s’être comportées en dehors des règles insupportables de ces époques et toujours imposées par un épouvantable système patriarcal ! Je n’ignore pas combien il aura été de destins broyés par la religion ou par la violence des hommes et jamais envers leurs pairs, toujours contre les femmes. @micalement, Marc de Metz.

    7
    Dimanche 27 Septembre 2009 à 19:15
    DSMoon
     

    Sans flagornerie pantoute, j’avoue un coup de foudre pour ton image de fer,

    Sans doute Newton l’aurait deviné, mais bon:

    Je connais une cousine très-très proche qui est passée par ce monde-là,

    À suivre, comme un caneton, la première file indienne de bonnes sœurs

    Un jour où ses parents adoptifs l’avaient perdue dans la foule d’un ferry-boîte…

    *

    Je me souviens aussi d’une confidence sur l’oreiller,

    Une Vieille fille-mère me contant la naissance de son gamin,

    Il y a très longtemps en France-Républicaine & Laïque:

    Elle avait 14 ans, et a du souffrir pour mériter le pardon d’un Dieu Inique,

    Pour un curetage à vif à l’ombre d’un hôpital de province…

    *

    Le monde est bô, my friend :(

     

     

    6
    Dimanche 27 Septembre 2009 à 14:44
    Marc de Metz

    J’arrive à croire qu’il peut encore y avoir des enfermements aussi sordides que celui que je décrie et qui ne date pas de si loin. Le Canada a été particulièrement concerné jusque dans les années 1970 dans des institutions religieuses ! Le Monde change et s’il ne maltraite plus les femmes comme de part ce passé, j’aime ce changement ! Mais ce n’est qu’une utopie, malheureusement ! @ bientôt, Marc de Metz.

    5
    Dimanche 27 Septembre 2009 à 13:43
    Marc de Metz

    J’ai mis dans ce texte qui ne m’a été inspiré que par deux vieilles grilles dans une salle vouté d’un des plus vieux monuments de Metz, ce que je peux avoir appris de la condition des jeunes filles et femmes enfermées sous l’autorité tortionnaire des religieuses… Ce texte, pouvait avoir des centaines de pages de plus car cela m’a toujours horrifié ! Si je vis heureux sans aucune religion, je sais que c’est à ces millions d’agissements assassins perpétrés au nom d’un Dieu de miséricorde que je dois de n’avoir pas besoin ni d’elle, ni d’une foi. Je t’embrasse, @mitié de Metz, Marc.

    4
    Dimanche 27 Septembre 2009 à 13:28
    Marc de Metz

    Ami, si j’ai imaginé ce texte à partir de cette photo de grilles…

    Je n’ai pas inventé ces sordides enfermements.

    Je n’ai pas inventé cette terrible condition des femmes.

    Je n’ai pas inventé ces vies basculées dans l’indicible.

    Merci pour ce commentaire encore si solidaire.

    @mitié, de Metz, Marc.

    3
    Samedi 26 Septembre 2009 à 18:30
    Marie-Christine

    hé bien heureusement que le monde a évolué !! bien que je pense que là le monde change d'une drôle de façon ....
    très beau mandala avec les grilles !!
    @plusss

    2
    Samedi 26 Septembre 2009 à 17:57
    aubert59
    et c'est peut-être une vérité car dure a été la vie de certaines jeunes filles éduquées chez les soeurs qui sont loin d'être aussi gentilles et bonnes malgré leur nom
    bises
    1
    Samedi 26 Septembre 2009 à 13:27
    Bonjour Marc
    Belle affabulation qui n'est pas loin de la vérité... dans nos familles bourgeoises et certaines aristocratiques, seul quelques détails changent mais....la rigueurd des Carmélites n'est il pas si proche.
    Merci pour ce partage.... digne de l'information sur la petite lucarne...
    Bonne fin de semaine
    @mitié
    Covix
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